JEREMIADES

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Bon là, ça sera mon coin pour me plaindre, taper du pied, pleurnicher et maudire tout ce qui contrarie mon aspiration à la zénitude totale.

Par contre, je n’évoquerai pas ici ma relation "amoureuse", n’ayant aucune envie de me mettre au niveau d’auteurs comme Victor Hugo ou Stephen King en terme de productivité.

Vous trouverez donc dans cette rubrique mes coups de gueule à propos des tracas quotidiens, administratifs, informatiques, relationnels et autres joyeusetés qui font qu’on a pleinement conscience d’avoir un système nerveux.

 


 

BIGOPHONE STORY

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Le téléphone a été le premier moyen de communication à distance permettant d’utiliser la voix au lieu de signaux. Un appareil ingénieux qui a connu une évolution étonnante.

Avouons-le, même si c’était une invention extraordinaire, au tout début le téléphone c’était plutôt pénible à utiliser.
Des demoiselles se chargeaient de vous relier sur le même câble électrique que votre correspondant, il fallait donc déjà converser avec l’opératrice pour donner le numéro souhaité puis attendre que ces dames aient connecté chaque nœud du réseau pour arriver enfin à entendre la voix tant attendue.
Et on ne l’entendait pas longtemps, vu que les liaisons étant aussi éphémères que la majorité des bonnes résolutions du premier de l'an.
« Je suis navrée mais nous avons perdu votre communication » assenait en guise d’épitaphe la demoiselle des P&T.

Est arrivée ensuite l’automatisation des relais. Et là, ça allait beaucoup plus vite, surtout quand on ne se trompait pas en faisant le dernier numéro sur le cadran.
En rien de temps on tombait pile poil à l’endroit où on voulait téléphoner. Enfin, disont plutôt qu'on tombait pile poil sur la standardiste de l’endroit où on voulait téléphoner. La standardiste nous dirigeait vers une secrétaire, qui nous passait la secrétaire du service, qui nous orientait vers le responsable de notre dossier et après quelques sonneries, on retombait sur la fameuse standardiste, de l’endroit pile poil où on voulait téléphoner, qui nous annonçait que le responsable de notre dossier n’était pas là aujourd’hui... pile poil le jour où on voulait absolument joindre quelqu'un pour un dossier.[suite]

Avec le 21 ème siècle, plus de misérables humains énervants entre nous et notre correspondant. Un petit pianotement léger et musical et hop : vous désirez des informations sur nos produits, tapez 1… vous désirez nous faire part d’un changement d’adresse, de coordonnées bancaires ou postales, tapez 2… vous souhaitez des informations à propos de votre facture, tapez 3… vous avez un problème technique tapez 4… Vous avez tapé 4, veuillez patienter, un technicien va vous répondre… veuillez patienter, un technicien va vous répondre… [discographie intégrale de Vivaldi]... veuillez nous excuser, tous nos techniciens sont occupés, veuillez rappeler ultérieurement…

Franchement, moi je dis que le progrès, y’a que ça de vrai.

 


 

SE TEINTER LES CHEVEUX NUIT A LA SANTE

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Nous vivons dans un monde merveilleux où on peut apprendre 20 ou 30 ans après avoir commencé à consommer un produit, que celui-ci peut s’avérer dangereux .

Coincé entre un magazine PC Hardware et un prospectus de Carrouf pesant dans les 500 grammes, au bas mot, je retrouve un 60 millions de consommateurs que j’avais acheté en début de semaine et que j’avais déposé négligemment sur la pile des lectures petitcointesques. Et là, j’apprends avec stupeur que les produits de coloration permanente pour les cheveux seraient susceptibles de donner le cancer de la vessie.
Les risques seraient plus grands à partir de 200 colorations, vu que j’en ai fait qu’une dans ma vie, je me sens relativement à l’aise sur ce coup-là (avec les 199 teintures qu’il me reste à faire avant d’atteindre le point fatidique).

Donc se teinter les cheveux nuit à la santé. Une information qui pourrait bien changer la face du monde, au sens propre du terme.
Imaginez… terminé les fausses blondes.

Rajoutez à ça le fait que les implants mammaires, générateurs de fortes poitrines, ne sont pas le top non plus pour la santé...

Y’a des jours où on est contente d’être une vraie brune qui ne se ruine pas en soutifs.

 


 

LES PAPIERS DE LA FRITEUSE SIOUPLAIT !!

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L’histoire de l’humanité se caractérise par plusieurs constantes. L’une d’entre elles est que si un contexte légal ou économique induit une augmentation importante du prix d’un produit de consommation courante, il y aura toujours des petits malins pour tenter de contourner le problème.

Et les français sont des petits malins. Pensez donc, de la gabelle aux taxes sur les carburants, ils ont appris à déployer des techniques de sioux pour garder leurs sous. Et c’est justement la hausse des carburants qui est en cause aujourd’hui. Le gas-oil est trop cher ? Qu’à cela ne tienne, faites-moi le plein d’huile de friture. Mais ce qui réjouit sûrement les uns, comme monsieur Lesieur ou ses pairs (discrètement bien sûr), n’a pas le même effet sur les autres. Le gouvernement se sent plutôt spolié sur ce coup-là, voyez-vous. Vous allez me dire : « Oui mais c’est ma voiture ! Que j’ai payé avec mes sous ! Et que même j’ai déjà payé une taxe rien que parce que je l’ai achetée ! J’ai le droit de mettre ce que je veux dedans ! ».

Erreur grave. C’est votre voiture mais vous n’avez le droit de la faire rouler qu’avec un carburant sur lequel l’état a fixé une taxe bien particulière : la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers. Et rajoutez évidemment la TVA, vous ne pensez tout de même pas qu’on va vous en faire cadeau sous prétexte qu’il y a déjà une autre taxe sur ce produit.

L’huile de friture n’étant pas soumis à la TIPP et bénéficiant en plus d’un taux de TVA de 5.5%, on imagine bien que la bonne idée de certains n’est que modérément appréciée en haut lieu. Et le fait est que c’est répréhensible puisque illégal… Il n'en reste pas moins que quand des milliers de citoyens commencent à frauder, c'est qu'il y a un sérieux problème économique.

En tous cas, retenez que si vous sentez une odeur de friture dans la rue, inutile de chercher systématiquement une baraque à frites.

 


 

COMDAMNES A LA SEDUCTION A PERPETUITE [1]

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L’avenir des couples occidentaux est passé de l’autoroute à 6 voies au chemin escarpé de montagne, et cela en l’espace de trois décennies à peine. Les protagonistes doivent maintenant jongler entre des désirs et des envies souvent contradictoires.

Les modes de vie d’autrefois ne présentaient pas que des avantages puisque les hommes et femmes mal appariés devaient tout de même passer la totalité de leurs existences ensemble. A côté de ça, il y avait la quasi assurance de ne jamais se retrouver seul. Cette stabilité imposée avait aussi l’inconvénient de favoriser la mise en place de routines pernicieuses et une tendance, plus ou moins prononcée, au laisser-aller.
On se rencontrait, on se fréquentait, on se fiançait, on se mariait, et à partir de là s’enclenchait un mécanisme bien huilé : sweet home, boulot, enfant, enfant… départ des enfants, vieillesse. Au niveau des statuts ça donnait ça : jeunes mariés, mariés, parents, grands-parents, arrière-grands-parents, game over. Le démon de la quarantaine frappait quelques fois, permettant à certaines ou certains infortunés de se voir nantis en plus du statut de cocu.

En 2005, les couples se font et se défont. Enfants de tout âge, biens matériels, mariage ne représentent plus de réels obstacles pour faire imploser un binôme. Si le couple n’a rien de tout ça en commun, sa mort peut survenir en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Le syndrome de la consommation a atteint ce domaine, bousculant du même coup le fonctionnement des hommes et des femmes.
Mais si nous ne sommes plus enchaînés l’un à l’autre, d’autres chaînes se sont insidieusement créées. La différence la plus importante est que ces nouvelles chaînes, nous les portons seuls.
Avant ce bouleversement, la période de séduction était relativement courte. On pouvait cumuler quelques petites aventures de jeunesse, puis on se casait. Les célibataires endurcis étaient rares. Aujourd’hui la séduction n’a pas d’âge et tout relâchement peut être sanctionné alors qu’on s’y attend le moins. Il faut séduire et être attirant lorsqu’on est libre, il faut l’être aussi quand on est en couple. Et si vous n’êtes pas séduisant quelqu’un d’autre le sera à votre place, que ce soit dans la vie réelle ou sur internet.

Mais qu’est-ce que la séduction ? Elle ne se rapporte pas uniquement à l’apparence physique et aux vêtements. Le comportement est évidemment une donnée importante. Quand on lit des annonces sur des sites rencontres, un fait est frappant et logique : les gens ne listent que les qualités qu’ils souhaitent trouver chez l’autre et/ou les défauts dont ils ne veulent pas. Arriverait-on à séduire si on se montrait tel quel dès le départ ? Ce n’était pas vrai avant, ça ne l’est pas plus maintenant.
Seulement la différence c’est que maintenant l’effort est à soutenir sur un temps beaucoup plus long et de manière plus intense. Certains vont s’offusquer en disant qu’ils restent toujours eux-mêmes, je leur réponds que c’est impossible. On n’est pas plus soi-même au début d’une relation qu’on est soit même au début d’une amitié. Et même si la relation fait suite à une amitié, il y aura forcément des facettes de nous-même que l’autre ne connait pas encore. [suite]

Mais être séduisant et attirant tout le temps c’est fatiguant, à moins qu’on soit touché par la grâce divine ou que ce soit un état naturel. Ou encore, qu’on n’ait pas une semaine de boulot bien crevante à gérer.
S’affaler dans son canapé en tenue décontract’ pour manger tranquille un truc préparé vite fait, ça fait partie des moments où on est soi-même. Passer une soirée avec ses potes en buvant de la bière, ça fait partie des moments où on est soi-même. Avoir envie de se faire une partie de jeu vidéo, ça fait partie des moments où on est soi-même. Passer l’aprèm à se faire sa coloration, un gommage et masque au concombre ça fait partie des moments où on est soi-même. Regarder le grand prix de F1, ça fait partie des moments où on est soi-même.
La séduction suppose d’être deux, or la plupart des homo sapiens aiment bien aussi avoir des moments pour eux et pour faire ce qu’ils aiment.

Lorsqu’on vit ensemble, chacun a pu se créer un espace personnel à la maison. Vous pouvez très bien regarder votre émission préférée à la télé pendant que l’autre surfe sur internet. Aucun des deux, à moins que ça devienne une habitude, ne trouvera à redire au fait que pendant quelques heures l’autre préfère se faire plaisir plutôt que de passer du temps enlacés, à discuter les yeux dans les yeux ou à pratiquer une activité en commun. En période de séduction, les données sont très différentes. On est plus attentif aux ressentis, aux envies et aux besoins de l’autre. Le même cas de figure serait donc impossible à reproduire si les deux personnes se voient une ou deux fois par semaine. Ça paraîtrait une aberration, un manque d’égard. On se voit, on profite du temps passé ensemble, puis on retourne à ces moments où on est soi-même. Globalement au départ, les hommes sont plus enclins à protéger leurs moments à eux et les femmes plus enclines à essayer de partager le plus de choses à deux. Les deux méthodes sont discutables. Celle des hommes leur permet de garder le plus longtemps possible les moments où ils sont eux-mêmes tout seul ou entre potes, celle des femmes permet plus rapidement de faire en sorte que chacun soit lui-même dans le couple. Ce qui peut amener, quelques fois, à gagner un temps fou, au lieu de laisser traîner une histoire qui ne convient à personne. [Suite du sujet]

 


 

COMDAMNES A LA SEDUCTION A PERPETUITE [2]

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Les végétaux ont inventé la séduction bien avant que l'homme ne concoive le premier corset remonte-seins. Serions-nous en train d'apprendre qu'instinct et conscience sont moins aisés à conjuguer qu'instinct et règles sociales ?

[lire la 1ère partie] Ce mode de vie où la séduction est toujours omniprésente a également un impact sur nos ressentis face aux dégradations qu’imposent le temps ou la sédentarité. Les cheveux blancs, les rides, le surpoids, les seins qui tombent, les veines apparentes, la perte de cheveux, la cellulite, le manque d’abdominaux, des traits disgracieux… sont tous considérés comme des ennemis de la capacité de séduction. Mais on les oubliera plus facilement si on est en couple que si on est célibataire. A moins que notre compagnon ou que notre compagne n’ait tendance à lorgner, en notre présence, vers des personnes ne présentant pas ces imperfections. Et justement la société occidentale nous incite à regarder ailleurs, nous injecte les virus puis nous propose les vaccins. L’injection des virus se fait à grand renfort de présentations visuelles d’êtres humains triés selon des critères morphologiques et esthétiques, maquillés par des professionnels et dont les photographies sont majoritairement retouchées numériquement. Elle se fait également grâce des messages et des articles ne permettant pas l’oubli. Pour les vaccins proposés, ils sont constitués de produits et de services destinés à rehausser notre pouvoir de séduction via notre apparence. C’est bien de se soucier de son apparence, ça l’est moins de se sentir obligé de s’en soucier à un point tel que ça devient générateur de contraintes.
Sommes-nous toujours nous-mêmes quand nous en arrivons là ?

Un des autres aspects généré par ce mécanisme de séduction perpétuelle est le suivant. Lorsqu’on vit en couple, l’autre perd peu à peu son statut d’indicateur de notre degré de séduction. Cela ne date pas d’hier. Ce qui date d’hier par contre c’est la généralisation du besoin de tester ce pouvoir de séduction. L’emploi du mot « généralisation » n’est pas fortuit. Parce qu’on peut se demander si tout ça est vraiment généré par la mutation du comportement des individus, mutation créée elle-même par les changement sociaux, ou si ce n’est pas plus plutôt, et uniquement, les changements sociaux qui sont en cause. Retournons plus loin dans le passé et intéressons-nous au mode de vie de la noblesse. On y retrouve un goût prononcé pour le paraître vestimentaire, les fards, les perruques, les festivités où l’on peut se montrer, les intrigues amoureuses, les amants, les maîtresses. Autrement dit un goût prononcé pour la séduction. L’antiquité, avec ses dieux et déesses parfaitement ciselés, faisait également l’apologie du beau et de la séduction.

Qu’avaient en commun les nobles autrefois ? Du temps et un niveau de vie leur permettant d’investir dans le paraître. Aujourd’hui, dans la plupart des pays industrialisés, tout le monde dispose de plus de temps personnel et tout le monde est en mesure de s’acheter un vêtement parce qu’il lui plaît (et non pas parce qu’il est solide) et des produits cosmétiques. Tout le monde peut faire du sport en vue de se dessiner une silhouette appréciée. Tout le monde a accès à l’instruction et peut apprendre à manier un langage plein de nuances, ce qui a également de l’importance dans la séduction. Terminées les douze heures à trimer dans les champs, dans une mine ou des usines.

Mais les similitudes entre les couples nantis d’autrefois et tout ceux d’aujourd’hui s’arrêtent là. Pour la simple raison, qu’à ces époques plus lointaines, les institutions religieuses étaient respectées publiquement et que la morale apparente n’était pas quelque chose avec laquelle on badinait. Même chez les protestants, pour lesquels le divorce était une formalité beaucoup plus simple, peu de personnes s’y risquaient. L’avènement de la contraception a joué un rôle de premier plan, par rapport à la révélation des comportements, en dissociant la sexualité de la maternité. [suite]

Ruptures et divorces étant aujourd’hui monnaie courante, le besoin de se réconforter sur le fait qu’on attire toujours, trouve certainement l’une de ces sources dans l’ombre du célibat qui plane inexorablement. Et ce n’est pas forcément induit par la peur de l’abandon. Plutôt par un réalisme conscient ou non. Autrement dit, même en temps de paix, on s’assure que nos armes fonctionnent toujours. Et cette inspection de l’arsenal est largement facilitée lorsqu’on utilise internet à cette fin. Une facilité bien trompeuse d’ailleurs. Sont évidemment exclus de ce raisonnement, les personnes pour qui séduire est primordial à leur ego. Pour celles-ci, la séduction a une telle importance qu’elle est leur seul moyen d’estimer leur valeur personnelle. Ces personnes auront du mal à comprendre qu’elles ne sont vraiment pas du bon côté des barreaux.

La seconde source de la séduction est plus atavique et renforce l'idée que les règles anciennes n’ont fait que juguler les instincts. Toutes les espèces non domestiquées vivant sur cette planète ne s’agitent que dans un but : faire en sorte que leurs gènes leur survivent. Sachant que ce processus de perpétuation englobe, le plus souvent, la protection des hôtes de ces gènes jusqu’à ce qu’ils puissent assurer eux-mêmes leur survie. Quand les animaux ou les végétaux ne sont plus capables d’assurer cela, ils s’étiolent et meurent. Dans la nature, la séduction tient une place prépondérante. Les fleurs ne sont pas richement colorées pour le plaisir des yeux mais pour attirer les insectes pollinisateurs, les parades aviaires ont pour but de montrer de la beauté et de la vitalité, les défis entre mâles sont destinés à prouver de la puissance et de la résistance physique. L’homme moderne, terme paléontologique englobant les hommes comme les femmes, a atteint une telle maîtrise sur sa vie et sur la transmission de ses gènes, qu’il serait tentant de penser qu’il s’est éloigné de ses instincts de mammifère. C’est faux, la séduction a toujours une connotation d’a[c]couplement, elle est le moyen inconscient de s’assurer que nous ne sommes pas relégués au rang des laissés pour compte dans le grand ballet des espèces.
D’autant que l’être humain a, en développant sa conscience, inventé une autre forme de transmission de son individualité : les souvenirs. Avoir plusieurs partenaires au cours de sa vie, c’est l’assurance qu’un morceau de nous existe dans plusieurs mémoires.

Dans ce malstrom, tiraillés entre l’instinct, le raisonnement et les besoins affectifs profonds, les femmes et les hommes ont du mal à se tenir à des lignes de conduite. Même ceux qui recherchent la stabilité et la sécurité, puisque, souvenez-vous, un compagnon ou une compagne perd peu à peu son statut d’indicateur de notre degré de séduction [Suite du sujet]

 


 

COMDAMNES A LA SEDUCTION A PERPETUITE [3]

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Je veux aimer, être aimé, mais pas trop, juste quand j'ai besoin. Pouvoir faire ce que je veux mais que l'autre soit à mon écoute, même si je ne dis rien. Je veux être moi-même souvent, mais je veux aussi ne pas être moi-même quand je l'entends.

Il y a autant de gens qui aspirent à la stabilité que de gens qui aspirent à l’instabilité. Si la situation se résumait à la théorie des ensembles, ça serait mathématiquement faisable de former un couple en fonction de ses aspirations. C’est loin d’être le cas puisque les gens changent d’aspirations en fonction des périodes de leur vie. Plus compliqué encore, la société leur donnant maintenant le choix, beaucoup oscillent entre les deux. Choisir entre les atouts de la stabilité et celles de la liberté n’est pas toujours évident lorsqu’on vit au sein d’une fourmilière prônant l’individualité. Dans ce cas, la séduction devient une arme à plusieurs tranchants et les gens qui savent la manier, consciemment ou inconsciemment, jouent avec d’autres personnes afin d’installer une relation ambiguë n’excluant et n’affirmant aucune des deux possibilités. On retrouve des exemples de ce comportement dans la réalité ou en lisant des interventions sur des forums dédiés. Des « Il m’a dit qu’il m’aimait mais que je ne suis pas la femme de sa vie », des propositions de relation sans engagement, des gens qui rompent puis proposent une relation basée essentiellement sur la sexualité. Dans ce dernier cas, on aurait tendance à se dire que la raison est uniquement de pouvoir se satisfaire sexuellement et facilement. Mais il faut regarder au-delà et bien comprendre que la notion de familiarité a son importance aussi. Avec un ex, ou une ex, avec qui on a vécu une histoire « normale », pas besoin de redémarrer de zéro, cela permet d’être plus soi-même qu’avec quelqu’un de tout neuf. De plus, si l’autre personne accepte ce genre de situation c’est qu’elle éprouve toujours de l’attirance. Elle offre une part de stabilité parce qu’elle rassure sur le fait d’être apprécié pour soi-même. Les dessous de cette attirance sont en fait loin d’être aussi simplistes.
Il y a encore beaucoup d’autres exemples de comportements ou de déclarations totalement en ambivalence. Dans ce genre de contexte, la séduction devient un jeu de rôles où plus personne n’est lui-même. La spontanéité est tuée, la communication devient un champ de mines où chacun fait extrêmement attention à ce qu’il dit afin de ne pas faire jaillir des non-dits et de faux espoirs, les affirmations deviennent des murs infranchissables.

D’innombrables personnes recherchent quelqu’un de pétillant, qui les étonne, les séduit, les divertit, qui leur fasse oublier la réalité du quotidien, mais dès qu’un être les attirent, une majorité grandissante s’empresse de le menotter et de le bâillonner. Ils tuent dans l’œuf ce qui pourrait les obliger à faire un choix. Ironique, si on considère que leur liberté est donc de ne pas avoir le choix. Pour eux, le couple c’est avant tout quand ils veulent et quand ils ont besoin. Le partenaire s'assimile à un self service, on le pille à l’envi et avec bonne conscience en se disant que si il l’accepte c’est que ça lui convient aussi. C’est d’autant plus aisé de nos jours que le mot respect dans les relations hommes/femmes devient, le plus souvent, un terme creux se résumant à un « je ne le/la prends pas pour un(e) con(ne) ». Or, respecter quelqu’un, c’est avoir de la considération pour son avis, ses sentiments et sa personnalité.

Pour ne pas être seul, il faut être à deux. Les amis et les membres de la famille ne peuvent remplacer ce qu’un couple apporte, sans compter que les modes de vie actuel ont tendance à isoler les individus. [suite]

Mais il ne suffit même pas de vouloir pour pouvoir. Il ne suffit pas d’être conscient de ce que la vie de couple apporte pour être en mesure d’en construire un à l’épreuve du temps. La vie de couple c’est une pièce de théâtre composée d’une multitude d’actes, au grè desquels nous passons d’un rôle à l’autre. C’est un ballet que l’on joue à deux en fonction des humeurs, des attentes et de deux personnalités. C’est aussi un exercice d’improvisation, chacune de nos réactions importantes se fera en fonction de l’autre, sachant que la passivité peut avoir autant de conséquence que les actes ou les mots. Mais la vie de couple c’est surtout une bulle où on est soi-même. On est sensé être aimé pour nous-même et pour qu’il y ait longévité, il faut aimer l’autre pour lui-même aussi. Une alchimie délicate à mettre en place, car contrairement à la séduction, le gage de réussite c’est que sa durée de vie ne s’étale pas de quelques jours à quelques mois. L’amour n’est pas quelque chose qui fait battre le cœur, qui met le feu aux veines et qui donne l’impression d’avoir les os qui se liquéfient. C’est une somme de sentiments et d’émotions qui flirtent avec la sérénité et le bien-être, deux concepts agréables mais qui peuvent se transformer insidieusement en ennui si on n’y prend pas garde. L’amour partagé on le vit sans question pour soi-même ou pour l’autre, quand on commence à s’en poser c’est qu’il est souvent déjà trop tard. La passion se nourrit de doutes, de manques et questions. Même si cette passion est programmée comme très brève, elle se nourrira des mêmes ingrédients : « j’ai un plan fun pour ce soir, comment sera-t-elle ? Va-t-elle me plaire ? Est-ce qu’elle voudra bien faire tel truc ? ». Où se situe la séduction entre l’amour et la passion ? Si on revient au parallèle avec les comportements des espèces animales, elle est utilisée avant l’a[c]couplement et non après.

Est-il possible alors de faire perdurer un mélange d’amour et de séduction ? De continuer à être soi-même tout en restant attentif aux ressentis, aux besoins et aux envies de l’autre ? Autrefois un couple tenait parce que c’était comme ça et pas autrement. Aujourd’hui, l’obligation d’allier toutes les composantes nécessaires pour arriver au même résultat, constitue un but qui semble presque impossible à atteindre si l’on se réfère aux chiffres concernant les divorces et les séparations. [Suite du sujet]

 


 

COMDAMNES A LA SEDUCTION A PERPETUITE [4]

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Car, il y a ce que nous avons, il y a ce que nous n’avons pas, et il y a ce que nous n’aurons jamais si on reste avec l’autre toute sa vie.

Il est plus facile de ne pas regretter ce que nous avions que de ne pas regretter ce que nous aurions pu avoir. Les chimères perdues d’un avenir non vécu sont plus complexes à assumer que la réalité puisque nous fantasmons plus aisément la beauté que la laideur. Il y a des tranches d’âges qui déclenchent cette peur de perdre la possibilité de vivre autre chose. Pour des personnes qui ont commencé une relation très jeune, elle peut survenir à l’approche de la trentaine. Quand se profile la fin de la vingtaine, on se rend compte d’un seul coup que le temps passe plus vite qu’on ne le pensait. L’approche de la trentaine amène l’ombre de la décennie suivante. Pour certains, la trentaine est une période où on doit profiter de la vie et la séduction fait partie des plaisirs inhérents. Ceux-là commenceront à se retourner une dizaine d’années plus tard, en se disant qu’ils n’ont pas grand-chose derrière eux pour le moment. Les femmes y étant encore plus sensibles que les hommes compte tenu du couperet de la ménopause.

La seconde tranche d’âge fatidique pour les couples, est aussi cette fameuse approche de la quarantaine. L’impression qu’il reste si peu de temps à pouvoir user de la séduction et donc à se sentir jeune et vivant, peut devenir une raison majeure de rupture. Même si les choses ont tendance à changer, rappelons que 3 divorces sur 4 sont demandés par la femme (chiffres de 2002). Certaines séparations sont justifiées mais souvent ces ruptures sont issues de l’envie de croire à nouveau au prince charmant ou à la princesse charmante. Elles sont issues de l’envie de revivre un peu de son adolescence perdue. C’est un moyen de renaître, de redevenir quelqu’un de tout neuf aux yeux d’un(e) autre. La séduction n’est vue, à ce moment-là, que comme une promesse de merveilleuses sensations. Oublié le fait que ce n’est pas si évident que ça de trouver un partenaire qui réponde à nos attentes, oublié le fait que cette séduction puisse être porteuse de déceptions cruelles, oublié le fait que même si on retrouve quelqu’un et qu’on vit un jour avec, on retombera forcément sur une part de routine et d’habitudes où la séduction n’aura plus grand place. Quelle est souvent la différence entre l’ex et nouvel amour ? Le dernier est un court ou long métrage que nous n’avons pas encore vu. Une toile blanche sur laquelle on peut projeter nos désirs, nos envies, nos aspirations.

La séduction a perpétuité existe donc parce que le couple n’offrent plus la pérennité et la sérénité d’autrefois. Elle existe aussi parce que le désir de plaire a toujours été là et que les barrières qui l’entravaient sont tombées. Et enfin, elle existe parce qu’elle est pratiquement indispensable pour pouvoir former un couple, ou plutôt des couples, au cours de son existence. Ceux qui la méprisent, réduisent considérablement leurs chances de vivre une histoire avec quelqu’un. Ceux qui ont souffert par elle, deviennent méfiants et fermés, ne sachant même plus être eux-mêmes avec qui que ce soit. Ceux qui l’adulent, papillonnent de fleurs en fleurs, mais ne sont pas eux-mêmes pour autant puisqu’ils ne montrent d’eux que ce qu’ils veulent montrer. Ce n’est pas ce qu’ils sont qui attirent, mais seulement ce qu’ils paraissent être. [suite]

Qui les apprécie pour toutes leurs qualités personnelles ? Qui compose avec leurs défauts ? Qui est prêt à les réconforter lorsqu’ils doutent ? Qui continuera à les voir de la même façon lorsqu’un nouveau cheveu blanc ornera leur tête ou que leur ventre commencera à s’affaisser ? Qui les prendra dans ses bras lorsqu’ils pleureront ou lorsqu’ils auront peur ?

« Mais je ne pleure jamais et je n’ai peur de rien. »
Cette sérénité sera donc à l’épreuve de l’angoisse qui naît à cause d’une douleur persistante localisée aux alentours d’un organe vital ? Ce détachement vaincra les émotions qui peuvent être engendrées lorsqu’on apprend qu’on est atteint d’une maladie incurable ? Cette légèreté sera un rempart contre le miroir lorsqu’il renverra l’image d’un vieil homme ou d’une vieille femme ?

Pour le meilleur et surtout pas pour le pire. Mais le pire, ce ne sont pas les engueulades, les disputes, les bouderies qui peuvent survenir au sein d’un couple. Le pire, c’est ce que tout être humain est amené à vivre un jour : maladie, deuil, accident ou tout autre évènement nous laissant désemparés, affaiblis et bien peu séduisants. Le pire on l’aura forcément, à moins d’être un orphelin n’ayant aucun ami et jouissant d’une santé de fer qui ne s’éteindra que durant un sommeil profond. Le pire, la plupart d’entre nous le vivrons aussi quand la vieillesse deviendra un inconfortable mode de vie imposée par notre horloge biologique.
Quelle importance aura la séduction dans ces moments où nous ne pourrons plus être que nous-mêmes ?
Quelle importance aura l’amour tranquille et entretenu à coups de concessions et de tendresse ?
N’importe quel médecin confirmera que les personnes malades - ou âgées - en couple, vivent plus longtemps que celles qui se retrouvent isolées. Quel futur sommes-nous en train de nous forger à force de vouloir oublier qu’on est biodégradables ? La plupart des gens rétorqueront que justement, c’est pour ça qu’il faut en profiter au maximum tant qu’on est jeune et qu’on a la santé. Logique dans un monde qui sacralise l’instant présent.
La soixantaine ressemble à l’entrée d’un futur brouillardeux et hasardeux, mais un brouillard dans lequel on devra peut-être continuer à vivre pendant 10, 20, 30, voire 40 ans. Soit presque autant d’années que celles consacrées à profiter de sa « jeunesse ». [Suite du sujet]

 


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