A la louche, on estime que l’apparition de l’homo sapiens a eu lieu il y a 150 000 ans. Avant lui, pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les bases de la paléontologie, il y avait l’homo erectus. Ce dernier aurait disparu… mais là j’ai un doute, surtout depuis que je fréquente les sites de rencontres.

L’homo webiens webiens tient son nom de l’environnement auquel il s’est adapté et où il passe de plus en plus de temps : le web [internet].

Je revendique la propriété intellectuelle du terme !
J'ai fait une recherche sur Google et autres, personne ne l'a utilisé avant moi... ou si quelqu'un l'a fait, ce n'est pas un homo webiens webiens.

Pendant longtemps, le must en matière de communication webienne en duo c’était les tchats. Ces endroits virtuels où l’on peut discuter avec n’importe qui et même avec plusieurs personnes à la fois en toute discrétion. Mais sur les tchats, l’autre se résume à un pseudo, à un âge, à un département et éventuellement un sexe. La prise de contact se fait au petit bonheur la chance ou au petit malheur la malchance.
Aujourd’hui, ce sont les sites de rencontres qui croulent sous l’affluence des connexions. Et là ! Terminé le flou artistique, on est dans le concret.

En un click, on peut accéder à un maximum d’information sur « l’autre ». Outre ses mensurations (poids, taille au garrot, couleurs des yeux et des cheveux), on a aussi droit à ses habitudes, sa profession, son signe astral, sa religion et j’en passe. Netclub et Meetic sont les sites, à ma connaissance, qui offrent le plus d’informations sur le profil de leurs adhérents. Sur Meetic on a même droit aux revenus, ce qui m’a laissée perplexe d’ailleurs.
L’homo webiens serait-il vénal ?

Sur les sites de rencontres, on a aussi droit aux photos et surtout, surtout, aux annonces. Rien qu’avec ça, il y a de quoi occuper quelques soirées, pour si peu qu’on ait l’esprit critique et l’œil acéré.

Tout cela, dans l’ensemble, part d’un bon sentiment. Terminé les agences matrimoniales dont les coûts rédhibitoires pouvaient en faire fuir plus d’un ou plus d’une, fini les soirées en discothèque où il faut faire semblant de s’amuser en attendant avec impatience les slows (quoi ?! y’en a plus depuis plus de 10 ans ? … on me dit jamais rien à moi), fini aussi les acceptations pour des soirées qui ne font pas plus envie que ça mais où on espère croiser un(e) ou deux célibataires. Au 21ème siècle, c’est de chez soi, ou accessoirement au bureau, qu’on peut avoir accès à des millions de célibataires. [suite]

Donc, effectivement, il faut faire une annonce. Celle-ci permet de se présenter et donne l’opportunité de sortir des menus déroulants, cases à cocher et autres options délimitées, afin de se démarquer des autres homo webiens. Et il y en a qui y arrivent ! Mais pas toujours dans le sens qu’ils espéraient.

Il est évident que le champ de l’annonce texte est un espace de liberté dont certains se passeraient sans crier à l’arnaque. Quelques uns l’avouent sans fard avec des « que dire de moi ? » ou des « pas facile de se présenter… », d’autres se lancent courageusement dans l'aventure.
L’annonce aborde tous les styles : classique, brève, cynique, amusante, attendrissante, opaque, ennuyeuse, incompréhensible....

Comme vous le voyez, même sans être en recherche, les sites de rencontres permettent d’occuper quelques soirées. Soulignons tout de même le courage de toutes les personnes qui n’hésitent pas à mettre leurs photos et à exposer leurs envies sur un média qui peut être consulté par n’importe qui, y compris leur entourage.
Il y a encore quelques temps, se rencontrer via internet était encore assez mal vu.

Tom a 31 ans. Il est plutôt pas mal, pas le genre beau gosse à tomber raide par terre, mais il a du charme. Il est honnête dans sa démarche, ce qu’il cherche c’est une fille pour une histoire durable. Il a envie de partage, de rires à deux, de sincérité. Il a envie de quelque chose de beau. Il n’a pas de type de femmes. Il aime bien qu’elles soient mignonnes, c’est certain, mais son attirance est souvent issue d’un sourire, d’une moue. Il ne s’en souvient plus, mais lorsqu’il était au cours préparatoire il avait le béguin pour la petite Léa. Quand celle-ci était contrariée, sa bouche esquissait une petite moue vite remplacée par un sourire qui creusait une de ses joues d’une petite fossette. Ça amusait toujours Tom. C’est ce qu’il recherchait inconsciemment, un souvenir d’enfant effacé de sa mémoire et appartenant à un passé hors de portée.

Tom aime la nature, les randonnées, il aime l’authenticité. Il aime bien aussi se coucher dans l’herbe et regarder filer les nuages en leur trouvant des formes d’animaux ou d’objets. C’est un rêveur mais il a le sens des responsabilités, et il sait faire d’une semaine de vacances une aventure mêlant découvertes et activités. Il a envie d'une compagne qui sache, entre autres, faire de leur maison un vrai foyer, un endroit douillet et agréable. Il a envie d’enfants, plus tard.

Nellie a 30 ans. Elle est plutôt pas mal, pas le genre bimbo à tomber raide par terre, mais elle a du charme. Elle est honnête dans sa démarche, ce qu’elle cherche c’est un homme pour une histoire durable. Elle a envie de partage, de rires à deux, de sincérité. Elle a envie de quelque chose de beau. Elle n’a pas de types d’hommes. Elle aime bien qu’ils soient mignons, c’est certain, mais son attirance est souvent issue d’un geste, d’une manière de faire.
Elle ne s’en souvient plus, mais lorsqu’elle était au cours préparatoire elle avait le béguin pour le petit Léo. Quand celui-ci était contrarié, il passait nerveusement la main dans ses cheveux qui étaient ensuite tout ébouriffés. Ça amusait toujours Nellie. C’est ce qu’elle recherchait inconsciemment, un souvenir d’enfant effacé de sa mémoire et appartenant à un passé hors de portée. [suite]

Quel homme oserait séduire une bonne partie de ses collègues de travail, coucher avec puis ne plus jamais leur adresser la parole ? Quelle femme serait prête à allumer ouvertement les hommes de son village en leur parlant de ses préférences et pratiques sexuelles puis se donner rapidement à certains d’entre eux ? Quel papa, célibataire ou non, questionnerait l’institutrice de son enfant pour savoir si elle est fidèle et si elle est coquine ? Quel jeune homme arriverait à aborder sa boulangère, de 25 ans son aînée, en lui disant qu’il a envie d’une femme mûre.
Toute personne équilibrée répondra avec véhémence : « Pas moi en tout cas ! ». Avec la vulgarisation d’internet, il devient évident que cette réponse n’est pas toujours issue d’une morale personnelle. Car, c’est surtout la morale sociale qui fait que ces attitudes provoqueraient de l’incompréhension, du mépris voire un rejet pur et simple. Et l’homo sapiens étant de nature sociable et aimant la vie en groupe, rien n’est pire pour lui que le rejet.

Transposons maintenant le concept en sortant de la sex attitude et de son côté sulfureux malgré la libération des moeurs. Imaginez que vous puissiez vous téléporter instantanément et régulièrement dans un pays où il n’y a aucune loi, sauf celles concernant l’atteinte physique des personnes. Dans ce pays, vous n’avez qu’un risque sur des milliers de croiser quelqu’un qui vous connaît bien et même si c’est le cas ce quelqu’un sera aveugle à vos agissements. Au départ, vous restez vous-même, et donc vous payez consciencieusement tous vos achats. Puis, vous vous apercevez que d’autres ne le font pas, qu’ils prennent des marchandises sans se préoccuper de la mine attristée des commerçants et rentrent dans leurs propres pays en toute impunité. Mieux encore, il y a même des commerçants qui font tout pour que vous leur voliez des articles en espérant que vous les aimerez pour ça et que vous reviendrez les voir.

Combien de temps résisterez-vous si votre morale est plus sociale que personnelle ?

Evidemment la métaphore est grossière mais elle permet de comprendre à quel point l’anonymat social (et non pas l’anonymat visuel) peut modifier certains comportements. Le phénomène du mimétisme, mis également en avant dans cet exemple, sera abordé une autre fois.

Chaque société est un ensemble complexe et structuré d'individus liés entre eux par les mêmes usages, les mêmes lois et par des rapports durables et organisés. C’est un ensemble complexe parce qu’une société est composée elle-même de plusieurs communautés et que chaque individu appartient à plusieurs d’entre elles. Il y a les communautés professionnelles, familiales, amicales, associatives, culturelles, etc.
De la définition de la société, ce sont les usages et la notion de liens qui sont à retenir ici. Les usages parce qu’ils vont souvent de pair avec les conventions morales et les liens parce que ceux-ci ne peuvent exister que par la communication. Et bien sûr, cette communication doit permettre à tous les membres d’une société et/ou d’une communauté d’avoir accès aux informations concernant cette société et/ou cette communauté.
Tout le monde suit ?
La réaction de rejet, face à des comportements en dehors des normes d’une société, est issue de cette communication communautaire offrant à tous la possibilité d’avoir connaissance des faits de ses membres.

Voici un exemple pour appuyer l’importance du rôle de la communication et celui du concept d’anonymat social. Je vous présente deux de mes amis. Voici Emmanuel Martin et voici Bernard Cantat… avec lequel vous sentirez-vous le plus à l’aise pour entamer une discussion immédiatement ? Et pourtant, Emmanuel Martin - personnage fictif - a vécu aussi une histoire douloureuse à l’issue tragique et tué une femme en perdant le contrôle de lui-même. La seule différence c’est que vous ne le savez pas. [suite]

Relation sans prise de tête.
relation sans engagement. Attention une relation peut durer seulement 5 heures (3 heures si pas de resto).

Tu as une photo ?
Je voudrais voir ta tête histoire de ne pas perdre mon temps avec un boudin.

Je suis déjà sous le charme.
Dépêche-toi d’en faire autant.

Je recherche un peu d’évasion.
Je suis marié, pacsé ou j’ai une copine.

Je cherche une femme discrète.
Je suis marié, pacsé ou j’ai une copine.

Je suis très calin.
Si tu manques de tendresse, je suis à tout à toi... pour trois heures.

Tu es fidèle ?
Est-ce qu’il y a une possibilité que je te saute malgré le fait que tu sois déjà avec quelqu’un ?

Tu fais du sport ?
Tu es plutôt du genre musclée ou celluliteuse ?

Faut profiter de ta jeunesse voyons ! Ça serait dommage d’arriver à 50 piges sans avoir couché avec un beau mâle comme moi.

Faut savoir te faire plaisir.
Faut me laisser te donner du plaisir (et me laisser en prendre par la même occasion).

J’adore faire des massages.
J’adore commencer les préliminaires par un massage.

Hum... j’adore ta bouche.
Qu’il me serait plaisant que vous me fellationnassiez si d’aventure nous devions aller plus loin.

Tu es joueuse ou coquine ?
Est-ce qu’on peut passer au seul sujet qui m’intéresse réellement ?

Je suis sincère.
Je te ne cacherai pas que ton cul me plaît si tel est le cas.

Tu as des tabous ?
Pratiques-tu la sodomie ?

Tu es seule ? Tu as une cam ?
Attention souriez, le petit oiseau va sortir.

J’aime bien les femmes mures.
Elles sont moins farouches au lit et moins de risques d'engagement.

Je ne cherche pas de relation sérieuse.
Je ne cherche pas de relation sérieuse.
[suite]

Je surfais paresseusement sur le web lorsque, tout à coup ! Je tombe sur un article annonçant que Meetic venait de lancer un nouveau site de rencontre. N’écoutant que mon courage et armée de ma volonté de poursuivre mon étude sur l’homo webiens webiens, je sacrifie la suite de mon programme surf (pourtant d’une utilité primordiale : horoscopes, forums, MSN…), et me télé-transporte immédiatement sur

Déjà, côté look on sent qu'Ulteem veut faire dans le sérieux.
Sinon, arrêtez de baver, rentrez la langue et ne vous précipitez par là-bas avant d’avoir lu cet article jusqu’au bout. De toutes manières, pour ceux qui sont en déjà en train d’imaginer leurs futurs ulteem girls ou ulteem boys, il faudra patienter encore, car pour le moment le site ne propose pas d’interface permettant de voir les « autres », et donc encore moins de les contacter.
« Mais à quoi ça sert alors ??? »

Tenir un blog n’est pas toujours de tout repos. Il faut rédiger, mettre en forme, mettre en ligne, et cela de manière régulière afin de ne pas décevoir ses (trois) fidèles lecteurs.
Ce n’est pas toujours évident de concilier temps et inspiration. Mais il y a des compensations : les statistiques !
Les statistiques permettent, entre autres, de savoir que du monde est passé sur son blog. Il est fort probable que des fois ce monde passe très vite, mais il passe. Bouarf comptabilise 876 visites et même si les visites de google sont incluses dans ce chiffre, ça fait quand même une moyenne sympathique pour un blog qui démarre.