COMDAMNES A LA SEDUCTION A PERPETUITE [fin]
Et nous n’avons pas seulement à lutter uniquement contre les changements intervenus dans nos sociétés, nos instincts ataviques et les traces laissées par notre enfance ; car la biologie et la chimie ont également leur importance.
« Désolée chéri, tes phéromones m’avaient attirée comme aucune autres, mais tu ne produis pas assez de phényléthylamine et de dopamine et du coup mes propres taux sont en chute libre. La sécrétion d’ocytocine aurait pu sauver notre couple, mais je manque d’attention et de tendresse et je n’arrive plus à en produire assez non plus. Dommage, j’aurais aimé que nous secrétions des endorphines pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort nous sépare. »
La phényléthylamine est une hormone de la classe des amphétamines que nous produisons en grande quantité quand nous sommes amoureux. Ses effets sont la joie voire l’euphorie. Une carence en phényléthylamine constituerait un facteur important de la dépression.
La dopamine est un neurotransmetteur entre le cerveau et l'hypophyse. Elle pourrait s’assimiler à un signal de bonheur et de bien-être qui nous pousse ensuite à répéter l’expérience. Les stimulations amoureuses, érotiques et sexuelles entraînent la sécrétion de dopamine, et donc la production de testostérone, aussi bien chez l’homme que la femme, ce qui aura pour effet d’augmenter la circulation du sang dans les organes sexuels, autrement dit : déclencher une érection ou une lubrification.
L'ocytocine est sécrétée durant les ébats amoureux et procure ensuite des sentiments de satisfaction et de lien. Cette molécule, dite de l’attachement, est celle qui favorise le lien entre la mère et l'enfant au moment de la tétée. Des chercheurs du CNRS ont noté que chez les espèces animales qui s'attachent et sont monogames, l'ocytocine est envoyée dans le cerveau lors du premier accouplement. « Chez l'homme, le processus est le même et chez deux individus qui font l'amour, l'ocytocine est libérée dans leur hypothalamus où elle forme avec la dopamine le duo neurochimique du plaisir », note un chercheur).
[...] des rats polygames auxquels on injecte de l'ocytocine dans le cerveau deviennent monogames… [...] Sa production chez le bébé dépend des caresses qu'il reçoit. Pour que les récepteurs d'ocytocine se mettent en place dans le cerveau, il faut que le lien mère/enfant ait été satisfaisant. Toute manifestation de tendresse physique [...] fait aussitôt grimper son taux, ce qui augmente le plaisir et l'envie de vivre à côté de celui ou de celle qui les prodigue. «L'ocytocine est un antistress puissant qui a probablement un effet dopant sur le système immunitaire, explique Lucy Vincent, docteur en neurosciences, qui vient de publier Comment devient-on amoureux? (Odile Jacob). […] La psychiatre Kathleen Light, de l'université de Caroline du Nord, a montré que le niveau d'ocytocine augmentait chez l'homme et chez la femme lorsqu'ils s'embrassent, se touchent ou simplement regardent des films romantiques. [source]
Les endorphines sont des morphines endogènes, qui exercent également la fonction de neurotransmetteur. En cas d'orgasme, le corps est submergé d'endorphines.
Les endorphines apportent également le calme, soulagent la douleur et réduisent l'anxiété. Le sentiment de bien-être qu'elles procurent se traduit par une relation affective très forte que l'on ne veut pas interrompre. Vous pouvez maintenant parler, manger et dormir en paix. C'est l'amour attachement, l'harmonie complète. Un bonheur tranquille qui peut durer des années, si on passe à travers le sevrage de phényléthylamine. [source]
En résumé, la phényléthylamine est l’hormone de la passion, la dopamine un neurotransmetteur lié à la recherche du plaisir, l’ocytocine la molécule de la tendresse et les endorphines celles du bien-être.
Au bout de trois années, le corps s’habituerait à la phényléthylamine et ses effets iraient en décroissant. Les effets de la dopamine dureraient six ans au plus. Certaines personnes auraient du mal à vivre sans ressentir les sensations de cette hormone et de ce neurotransmetteur, ce qui expliquerait les ruptures quand le désir exacerbé et la passion n’y sont plus. D’autres, ont la chance (si elles se trouvent a[c]couplées avec quelqu’un ayant le même fonctionnement physiologique) de passer au cocktail plus simple de l’ocytocine et des endorphines. Pour l’ocytocine, son effet serait plus important chez la femme à cause de son lien avec l'œstrogène. [suite]
mais le toucher demeure, pour les deux partenaires, la meilleure façon de conserver le niveau d'ocytocine nécessaire pour faire durer le couple. On pense même que l'ocytocine pourrait avoir un effet sur le vieillissement. Une étude a démontré que les personnes qui faisaient l'amour trois fois par semaine dans une relation stable paraissaient dix ans plus jeunes que leur âge ! [source]
On ne peut évidemment décrypter les comportements humains qu’à l’aide de termes de biochimie. Le psychisme a une importance fondamentale également. Reste que ces deux domaines sont intimement liés. Si une personne est déçue par son ou sa partenaire, cette déception entraînera un bouleversement hormonal et neurologique. Si une autre a besoin d’être toujours boostée, son comportement sera en lien avec une frustration chimique.
Tout ceci peut aussi éclaircir d’autres comportements.
La consommation d'alcool quand elle devient chronique et importante, provoque une angoisse et des douleurs du psychisme très importantes aboutissant le plus souvent à une dépression. Ce mécanisme est auto entretenu à partir d'une certaine quantité d'alcool dans le sang. […] Cette petite quantité d'alcool est suffisante pour induire au niveau du cerveau la fabrication de substances appelées les neuromédiateurs du plaisir et plus spécifiquement la dopamine. [source]
Autre information intéressante vis-à-vis des différences hommes/femmes au début d’une relation :
Les phéromones ou phérormones sont des molécules invisibles et volatiles produites par les glandes apocrines situées sous les aisselles, autour des mamelons et dans les aines. Inodores, les phéromones ne sont pas captées par la muqueuse olfactive mais par un second système de l'odorat, l'organe voméronasal. On a longtemps pensé que cet organe, très actif chez les animaux, ne fonctionnait pas chez l'homme. Plusieurs études ont prouvé le contraire. L'androsténol, un des composés de la sueur « fraîche » de l'homme et la copuline que l'on retrouve dans les sécrétions vaginales de la femme sont les principales phéromones sexuelles. Elles auraient de réels effets attractifs ou répulsifs entre deux personnes selon qu'elles sont compatibles ou pas. L'odeur d'une personne, si elle nous est agréable, nous permet de nous sentir bien et en sécurité, ce qui favorise le rapprochement. [source]
Autrement dit, l’exploration de l’homme vis-à-vis de ces phéromones a besoin d’être beaucoup plus intime.
La séduction est donc une affaire d’instinct, d’ego, d’hormones, de neurotransmetteurs et de plaisir. Le charme et l’attirance ont leur importance également puisqu’ils sont les catalyseurs. L’amour est une affaire d’hormones, de neurotransmetteurs et de bien-être sur la durée. L’ego n’a plus la même importance, l’instinct non plus. Le plaisir sera différent, entretenu aussi par des activités en commun, il se mêle au bien-être et devient confortable. Il n’y a aucune solution miracle pour faire durer la séduction dans un couple ; et parce que nous ne maîtrisons tous qu’une moitié d’échiquier, il sera impossible d’en trouver une.
Quelques pistes permettent de prendre moins de risque dans le registre des déception : être vraiment attiré et s’assurer que c’est réciproque (quelques fois après avoir appris à connaître l’autre, il ne s’agit pas toujours de coups de foudre), prendre son temps au début, avoir des affinités au niveau des loisirs et de la gestion du quotidien, avoir une vision commune de certaines valeurs, être en phase au niveau des envies sensuelles et sexuelles… ce qui peut paraître évident mais n’est pas toujours le cas. Souvent, on a tendance à penser qu’on va pouvoir changer l’autre ou, pire encore, s’adapter à l’autre. Une frustration s’ensuivra à plus ou moins long terme. Aujourd’hui beaucoup de gens recherchent le grand amour, ou l’amour tout court. Ce terme est ambigu, il n’implique pas une autre personne mais un fantasme : « je cherche l’amour tel que moi je le conçois ». Or la palette est large dans ce domaine car elle va de l’amour passion à l’amour pantoufle.
Quoi qu’il en soit, la séduction, qui fait donc de nous des êtres charmants et attirants, demande des efforts. Ils nous paraissent légers ou inexistants certaines fois, parce qu’ils sont en adéquation avec nos propres envies et attentes du moment, et plus lourds d’autres fois parce qu’ils sont en adéquation avec les envies et attentes de notre partenaire. Pour qu’un couple fonctionne, il faut que les deux partenaires n’oublient jamais que l’équilibre est une loi de la nature et qu’il n’existe pas d’être humain qui ne demande aucun effort pour réussir sa relation. On voudrait être aimé durablement pour soi-même, mais on ne peut être aimé durablement si on s’aime plus qu’on aime l’autre.
L’équilibre c’est 50% d’amour qu’on a pour soi-même, 50% d’amour que nous donne l’autre. C’est peut-être pour ça qu’on parle de moitié.
Par Jesabeth
Le 14 décembre 2005 à 17:05
Jérémiades
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Commentaires
par jlb, le Mercredi 14 Décembre 2005, 17:58
par labosonic, le Jeudi 15 Décembre 2005, 00:50
par Thierry, le Jeudi 15 Décembre 2005, 13:16
par jlb, le Jeudi 15 Décembre 2005, 13:32
par Jesabeth, le Jeudi 15 Décembre 2005, 14:26
par jlb, le Jeudi 15 Décembre 2005, 14:40
par ali_o_kan, le Jeudi 22 Décembre 2005, 03:40